3 raisons pour lesquelles les parents adoptifs ont besoin d’un congé parental prolongé
Par la maman d’une perle cachée
Au premier jour de sa première année de primaire, ma fille de six ans est entrée discrètement dans la cour d’école. Après avoir été arrachée à son ancienne vie et parachutée dans la nôtre huit mois plus tôt, elle désirait ardemment se faire des amis. Ses besoins avaient dépassé ce que l’école à la maison pouvait initialement lui offrir. Bien qu’elle en était à sa troisième école primaire, elle a pris son courage à deux mains et s’est jointe à sa nouvelle classe, au sein d’un océan de nouveaux visages, pour encore une fois braver l’inconnu. En la regardant entrer dans l’école, je l’encourageais en silence tout en anticipant positivement cette nouvelle routine.
Nous commencions une nouvelle saison. C’est ce que je pensais, à tout le moins. Après avoir fait huit mois de thérapie, travaillé l’attachement et figuré notre famille à cinq, j’aspirais à des jours meilleurs. J’espérais pouvoir retourner aisément au travail.
Huit mois de congé parental étaient-ils suffisants?
Nan. Le masque de bravoure de ma fille a craqué après seulement quelques jours d’école. De nouveaux et d’anciens problèmes ont fait surface. Les irritations sensorielles se sont exacerbées. Les autres enfants la harcelaient. Elle réclamait en pleurant sa sœur biologique presque chaque jour. Les débordements continuaient. Les exigences étaient trop importantes pour que je retourne travailler.
Des prestations prolongées auraient pu nous aider. Et voici pourquoi :
L’attachement prend du temps
Les enfants ayant subi des traumatismes, de la négligence et le bris de leurs liens affectifs arrêtent de faire confiance aux autres. Leur apprendre à faire confiance de nouveau nécessite une infinité d’expériences positives pour rétablir les circuits du cerveau.
Dès que ma fille a commencé l’école, elle avait besoin de mon attention tous les jours. Toutes les occasions étaient bonnes pour me sauter sur les genoux. Lorsque j’étais préoccupée, elle m’appelait : « Maman, j’ai besoin de toi ». Chaque orteil écrasé ou tout autre petit bobo apparent la faisait réagir excessivement. Y répondre prenait tout ce que je pouvais donner, mais cela lui a appris : je suis là pour toi. Tu peux compter sur moi. Je vais guérir tes blessures.
Mes fils biologiques ajoutaient à la complexité de l’attachement. Ils avaient besoin de temps pour l’accepter. Notre thérapeute spécialiste des troubles de l’attachement nous avait dit que ça prendrait minimum un an. Elle avait raison.
Apprendre les rituels familiaux prend un an
Ma fille devait se familiariser avec les routines, règles et rituels de notre maison qui étaient différents de ceux dans ses quatre derniers foyers. Certaines de nos coutumes familiales comme la foire automnale, l’Halloween, Noël, Pâques et les vacances d’été étaient annuelles. Il a donc fallu un an pour que ma fille découvre toutes nos traditions.
L’inconnu engendre l’anxiété. Certains comportements tels que parfaire sa queue de cheval pendant une heure tous les matins, même lorsqu’elle était en retard pour l’école, ont mis en lumière son besoin de contrôler son univers qui était hors de contrôle.
Se sentir comme une famille prend du temps
L’adoption peut plonger une famille dans une tempête inattendue. Des rugissements déchaînés de mes fils biologiques aux crises de larmes de ma fille, l’orage nous a pris totalement au dépourvu. Mes garçons détestaient cette « nouvelle personne » qui leur volait notre attention et semait le chaos dans notre maison autrefois paisible. Ma fille était terrassée par ses peurs, un tourbillon de pensées répétitives et son chagrin. Ses expériences passées l’avaient brisée, la laissant incapable de gérer ses émotions. Notre bateau sombrait.
Naviguer la tempête prend du temps. Le premier pas a été le suivi en famille d’une thérapie de l’attachement. Nous avons aussi sollicité le soutien de notre église. Avec le temps, les nouvelles connaissances et compétences nous ont aidés à calmer la tourmente. Malgré tout, je ne me voyais pas retourner au travail après huit mois. Certains matins, ma fille n’arrivait pas à l’école avant 10 h 30. Les crises nocturnes survenaient encore, même après plusieurs mois. L’anxiété et le trouble d’attachement de ma fille alors qu’elle essayait de prendre sa place dans notre famille demeuraient astreignants. Je suis sortie épuisée de tous ces problèmes simultanés; davantage de temps et de prestations auraient au moins su alléger le fardeau.
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Les opinions exprimées dans les articles publiés sur ce blogue sont celles de leurs auteurs et ne reflètent pas la position officielle d’Adopt4Life. Nous respectons la diversité d’opinion au sein du milieu de l’adoption et espérons que ces articles susciteront des échanges constructifs. Notre campagne #DuTempsPourSAttacher sepoursuit avec comme objectif d’adapter la politique gouvernementale afin d’introduire un congé parental de 15 semaines (un congé d’attachement) pour les parents adoptifs, les parents proches qui ont obtenu la garde d’un enfant et les dispensateurs de soins traditionnels. En collaboration avec l’Université Western et leConseil d’adoption du Canada, nous avons œuvré afin de susciter une prise de conscience vis-à-vis de cette mesure de soutien majeure requise pour les familles etles enfants. En ce sens, il est primordial de continuer le partage de témoignages de parents et enfants relatifs à cette période cruciale pendant laquelle ils cherchent à former des liens sains et durables. Découvrez comment partager votre histoire.